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Une plante chinoise contre la polyarthrite

Une plante chinoise contre la polyarthrite

[15 avril 2014 – 17h13] [mis à jour le 15 avril 2014 à 17h31]

La polyarthrite rhumatoïde est caractérisée par des douleurs au niveau des articulations, des mains notamment. ©Phovoir

Une plante utilisée en médecine traditionnelle chinoise pourrait remplacer ou renforcer l’action du méthotrexate, indiqué notamment dans la prise en charge de la polyarthrite rhumatoïde. Cette association atténuerait les symptômes de la maladie tels que douleurs et inflammations des articulations.

Tripterygium wilfordii Hook F. Cette plante, plus simplement appelée TwHF, est utilisée en médecine traditionnelle chinoise dans la prise en charge des douleurs articulaires. A l’image de celles de la polyarthrite rhumatoïde. Une équipe américano-sino-américaine a comparé l’efficacité de ce traitement à celle du méhtotrexate dans cette indication.

Parmi 207 patients souffrant de cette pathologie, trois groupes ont été constitués, tous suivis pendant 6 mois. Les participants du premier ont reçu 12,5g de méthotrexate par semaine. Ceux du second ont été traités uniquement avec 20mg de TwHF. Quant au dernier, il a bénéficié d’une combinaison des deux substances.

Une alternative au méthotrexate

Pour évaluer la réponse au traitement, les auteurs se sont basés sur une mesure établie par l’American College of Rheumatology. D’après ce dernier, un traitement s’avère efficace lorsqu’il a soulagé de moitié les symptômes des malades. Résultat, les membres du groupe TwHF ont été plus nombreux (55%) à voir leurs symptômes sensiblement atténués, par rapport à ceux du groupe méthotrexate (46,5%).

Le meilleur résultat se situe toutefois parmi les participants du dernier groupe. Ceux-ci sont parvenus à 77% de réduction des symptômes grâce à la combinaison thérapeutique. Certes, « 24 semaines représentent un temps trop court pour évaluer la progression de la maladie », relèvent prudemment les auteurs. Et « les doses de méthotrexate étaient, dans l’étude, inférieures à celles habituellement administrées aux patients. » Toutefois, « le TwHF pourrait être proposé à ceux qui ne répondent pas au méthotrexate », concluent-ils.

Source : British Medical Journal (BMJ), 14 avril 2014
https://destinationsante.com/plante-chinoise-la-polyarthrite.html

Gua Sha

Photo de Diététique Traditionnelle Chinoise.

Gua Sha (chinois : 刮痧 ; pinyin : guā shā ; littéralement : « gratter le choléra »), (plus généralement, « gratter la maladie pour lui permettre de s’échapper à travers la peau »), est un ancien traitement médical. Parfois appelé « spooning » par les Anglophones, on lui donne également le nom français « tribo-effleurage ».

Le terme vietnamien pour cette pratique est cạo gió (prononcé [kaːw˧ˀ˩ zɔ˧˥] en vietnamien du Nord, [kaːw˨˧ jɔ˧˥] en vietnamien du Sud), qui signifie grossièrement « gratter le vent », tout comme dans la culture vietnamienne « attraper froid » se dit trúng gió, « attraper le vent ». L’origine de ce terme vient de Shang Han Lun, un texte médical chinois sur les maladies – comme dans la plupart des pays asiatiques, la médecine chinoise s’est profondément ancrée au Vietnam, surtout entre le Ve et le VIIe siècle. Cạo gió est un remède très commun au Vietnam.

Cette technique est également utilisée en Indonésie. C’est une technique javanaise, connue sous le nom de kerikan (lit., « technique du grattage ») ou kerokan, elle est souvent utilisée comme une forme de médecine folklorique à travers les membres d’un même foyer.

La médecine traditionnelle chinoise est un trésor à fouiller

«La médecine traditionnelle chinoise est un trésor à fouiller»

Par Pierre HASKI

Pékin de notre correspondant

Meng Qing Yun, 65 ans, est professeur à l’Institut de théorie fondamentale de Médecine traditionnelle chinoise, et membre de l’Académie chinoise de médecine traditionnelle à Pékin.

La médecine traditionnelle chinoise (MTC) est-elle figée dans sa conception d’origine, ou continue-t-elle à évoluer?

La MTC trouve ses bases il y a plus de deux mille ans et a connu un développement assez lent. Comme la médecine occidentale, elle s’est développée par étapes: d’abord celle des guérisseurs, puis celle de l’expérience des médecins, et enfin celle de l’expérimentation et de la technologie. Pour la MTC, la phase de l’expérience a duré très longtemps: jusqu’en 1959. A partir de cette date, on a cherché à valider notre pratique par des expérimentations, et on a rejoint l’Occident en ayant recours pour ce faire à la technologie moderne. Mais dans la MTC, le rôle du médecin reste prédominant, car son expérience est centrale dans le diagnostic. En Occident, on crée des normes qui s’imposent à tous; en Chine, les remèdes et les moyens de soigner diffèrent selon le médecin. La MTC reste très traditionnelle, et elle a avant tout recours aux herbes et aux plantes, mélangées en soupes, pour soigner ses patients. Une encyclopédie publiée au XVIe siècle, sous la dynastie des Ming, comprenait un millier d’herbes et plantes médicinales; nous venons d’en achever une nouvelle qui en recense pas moins de 20 000.

Est-ce une force ou une faiblesse de la MTC?

La manière de traiter les malades reste assez primitive. Mais elle découle de l’orientation de base de la MTC, qui considère que l’homme n’est pas un produit industriel. Chaque homme est différent. La grippe ne se présente pas de la même manière chez tous les patients. Même la médecine occidentale cherche à acquérir cette diversité de traitement. Mais il est exact que la MTC est encore largement une médecine d’expérience.

Quels sont les points forts de la MTC alors que la méde cine occidentale a fait ces dernières années des progrès fulgurants?

Depuis un siècle, la MTC est dépassée par la médecine occidentale pour la chirurgie et la gynécologie en particulier. Mais dans d’autres domaines, comme les maladies virales, cardiaques, liées aux déficiences immunitaires, à la circulation du sang, la MTC reste efficace. Elle peut apporter sa contribution pour traiter des maladies pour lesquelles l’Occident n’a pas de réponse, comme certaines bronchites, des problèmes de reins, la leucémie. Et même pour les tumeurs cancéreuses, le mariage des techniques occidentales et chinoises peut avoir de bons résultats, car lorsqu’on utilise la chimie, on tue la tumeur mais on tue aussi l’immunité du corps. Pour les fractures, par exemple, on peut avoir des guérisons plus rapides avec la MTC. En Occident, chaque nouvelle théorie chasse l’autre; en Chine on accumule depuis des milliers d’années. Pour la fièvre, on utilise la même ordonnance depuis plus de mille ans, et ça marche.

A vos yeux, les deux médecines sont donc plus complémentaires que concurrentes?

En Chine, les deux médecines sont complémentaires. A certaines époques, on a voulu éliminer la MTC au profit de la médecine occidentale. Mais même à ces époques, nombreux étaient ceux qui continuaient à y recourir pour se soigner. Il est impossible de supprimer la MTC en Chine, elle fait partie de notre culture. Un récent sondage indique que 30 % des citadins ont l’intention de consulter un médecin traditionnel, et ce chiffre doit être encore plus élevé dans les campagnes. Cette complémentarité est-elle possible en Occident aussi? Nos médicaments commencent à y pénétrer, l’acupuncture est de plus en plus utilisée un peu partout dans le monde. Notre médecine est pratique, bon marché, et obtient pour certains maux de meilleurs résultats. Dans tous les pays, la tendance est à la redécouverte de la médecine traditionnelle. En Chine comme ailleurs, la médecine occidentale reste le courant principal, mais la MTC joue la complémentarité et peut enrichir cette médecine. Depuis les années 90, les grands groupes pharmaceutiques ont compris l’intérêt qu’il y avait à explorer cette voie. La MTC est un trésor à fouiller!

Peut-elle apporter aussi sa contribution à la lutte contre le sida?

Nous avons envoyé une équipe de MTC en Tanzanie dès 1987, qui a obtenu des résultats positifs. Personne n’a trouvé le moyen de guérir du sida, mais la MTC peut aider à renforcer l’immunité des patients et à repousser le développement de la maladie. Des tests sur le renforcement de la résistance du corps face au virus sont effectués en Thaïlande par l’Académie de médecine traditionnelle chinoise. Les résultats seront soumis au gouvernement pour approbation. Mais les moyens alloués à ces recherches sont insuffisants, comparés à ceux des laboratoires américains. Le gouvernement n’a peut-être pas encore reconnu suffisamment l’importance de la MTC, même s’il l’a placée dans les 17 projets scientifiques du XXI° siècle.

Pierre HASKI

http://next.liberation.fr/guide/2002/02/02/la-medecine-traditionnelle-chinoise-est-un-tresor-a-fouiller_392720